08 juin De toute beauté » l’exposition inédite by Anne Camilli & Tass(k)in Days !
Article de Jehanne des Mousquetettes
Blog Les Mousquetettes
Boîte à mouche, minaudière à maquillage, nuanciers de rouges à lèvres… Zoom sur cette exposition pas comme les autres « De toute beauté » retraçant l’histoire de la cosmétique et du maquillage en accessoires depuis le 18 ème siècle !
Comme vous le savez, il y a quelques jours la Team du blog Les Mousquetettes fut partenaire de la première édition de l’événement grand public les Tass(k)in Days, un événement entièrement dédié au monde de la beauté où nous avons pu découvrir de nouvelles marques du secteur beauté&bien-être mais aussi cette exposition inédite de la beauté à travers les âges pour laquelle nous avons eu un énorme coup de coeur !
Nécessaire à couture incrusté dans une coque de noix et orné d’or ! |
Les organisateurs des Tass(k)in Days à savoir la Mairie de Tassin la Demi-Lune, une sympathique ville de l’agglomération lyonnaise, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon Métropole, l’Université Claude Bernard de Lyon 1 et le Centre Européen de Dermo-cosmétologie, eurent l’excellente idée de faire intervenir un duo de passionnés pour réaliser une étonnante exposition du Musée à la Carte mettant en avant l’Histoire avec un grand H des objets et accessoires de beauté des siècles passés.
Le concept original du Musée à la Carte® fut imaginé par Anne Camilli, accompagnée de Jean-Marie Martin-Hattemberg, deux passionnés et historiens de la beauté qui exposèrent du 3 au 5 mai 2018 près de 110 objets et accessoires de beauté issus de collections privées. L’histoire de la beauté retrace l’évolution du statut social de la femme, des faits historiques et les différentes techniques employées pour la fabrication de ces objets, sans oublier le savoir-faire artisanal et l’ingéniosité des marques de l’époque.
Cette exposition « De toute beauté » révèle de véritables œuvres d’art d’exception datant du XVIIIe siècle aux années 60, et nous avons eu l’opportunité de découvrir durant plus d’une heure ces objets dans les moindres détails ! Vous retrouverez d’ailleurs toutes les photos de cette exposition sur ce lien => Album Photo Exposition Tass(k)in Days
Les objets beauté du XVIIIe siècle !
Le siècle de Marie-Antoinette témoigne de l’extravagance par excellence de la beauté qui était seulement réservée à l’élite. Les objets fabriqués à la mains mettant en évidence le savoir-faire français et l’artisanat de luxe en utilisant des matériaux nobles tels que l’argent, les pierres précieuses, l’or ainsi que la nacre. Ces petits objets raffinés et variés regroupaient le nécessaire au féminin et combinaient plusieurs usages comme maquillages et essences huileuses pour se parfumer.
Zoom sur la Boîte à mouches : cette petite boîte en galuchat (cuir de roussette, une race de requin) illustre parfaitement l’élégance et la distinction de l’époque. Cet objet se glissait dans un style de grandes poches enfin plutôt de fentes entre les plis de sa robe, on l’attachait à un cordon à la taille pour réaliser une mise en beauté singulière en toutes circonstances et discrétion. Cet écrin de beauté comportait de petits compartiments où étaient rangés ces mouches ainsi que de petits flacons dans lesquels on retrouvait des sels de vinaigre ou d’autres substances odorantes, sans oublier un mini entonnoir (objet du milieu).
Boîte à mouches en galuchat, exposition Tass(k)in Days et Anne Camilli |
Les mouches sont comme vous le savez de petites pastilles confectionnées dans du velours, de la soie ou du taffetas que l’on positionnait sur le visage et qui servaient à la base de rehausseur de teint. Cependant ces petits accessoires étaient également un langage de séduction très raffiné qui devient tout un art de la gente féminine du XVIIIe siècle. En effet, selon l’endroit où elles étaient positionnées, ces messages « coquins » codifiés étaient assez explicites pour leur interlocuteur comme par exemple une mouche au coin de la bouche signifiait si on peut dire « porte ouverte à tous ».
On découvrit également de petites boîtes ou « vinaigrettes » fabriquées en métal et plus précisément en argent ciselé, qui contenaient une petite éponge ou une petite étoffe imbibée de sels de vinaigre aromatisés afin de pallier à l’évanouissement qui était très fréquent.
En effet, les robes étaient relativement étouffantes, elles se constituaient de différentes pièces notamment de divers jupons donnant du volume, d’un corps de baleine et d’un corset bien serré afin de sculpter sa silhouette tout en limitant la respiration. Ces sels servaient donc à reprendre conscience contre l’évanouissement, mais ils s’utilisaient également comme rose aux joues qui donnait un maquillage naturel et plus sain par rapport aux tendances beauté du siècle antérieur.
Saviez-vous que les ingrédients qui composaient le maquillage du XVIIe siècle étaient en partie de véritables poisons ?
- Le teint se réalisait avec une sorte de plâtre à blanc qui comprenait du mercure et de la céruse à base de plomb, il donnait un teint clair, très en vogue à cette époque symbolisant la noblesse.
- Pour les lèvres, on appliquait du cinabre, un minerai rouge hautement toxique et mortel, puis le rouge d’Espagne, conçu à partir de cochenilles et non toxique, apparu. On utilisait également de la racine du bois de garance pour obtenir une jolie teinte rouge.
D’autres petites merveilles nous ont été présentées comme un carnet de bal en ivoire avec un petit crayon sur le côté qui servait à noter les noms de ses prétendants. Une boîte à poudre en vernis Martin pour talquer les perruques et la chevelure réalisée (le vernis martin est une technique imitant la laque chinoise). Ou encore un nécessaire à couture fabriqué dans une noix où l’on retrouve à l’intérieur un flacon d’essences huileuses, une aiguille et un dé à coudre.
Les accessoires de beauté du XIXe siècle !
Châtelaine en galuchat, Musée à la Carte by Anne Camilli |
Ce siècle fut le siècle de l’hygiène, la beauté étant enfin considérée comme très hygiéniste contrairement aux siècles précédents et le maquillage lui prit finalement un revers en étant exclusivement réservé aux cantatrices, comédiennes et aux femmes de petites vertus. Cependant cette époque fut surtout un tournant de l’Histoire de la cosmétique avec la naissance de grandes marques qui marquèrent des générations de femmes.
Saviez-vous que les sacs à main n’existant pas encore au début du 19ème ? Ils n’apparurent qu’à la fin du siècle et en attendant cette innovation, dont on raffole toutes aujourd’hui, les femmes disposaient donc d’un type d’accessoire nommé châtelaine ou équipage, il s’agit d’une sorte de sautoir très raffiné qui regroupaient de petits objets tels que des petits flacons de parfum, des boîtes à pilules…
Plusieurs modèles de châtelaines nous fûmes présentés dont celui ci-dessus ainsi qu’une version en mode trousseau de plusieurs chaînettes auxquels étaient accrochées un mini flacon de parfum, un mini poudrier… Les artisans de l’époque eurent l’idée de détourner le classique trousseaux de clés des Châtelaines pour imaginer un accessoire de beauté multifonction bien différent des boîtes et autres écrins à maquillage du 18 ème.
Zoom sur La Maison Guerlain : Cette marque iconique fut fondée en 1828 par Pierre François Pascal Guerlain qui était à l’origine pharmacien, il fabriqua tout d’abord des cosmétiques avant de créer ses indémodables parfums. A l’origine, il lança l’Eau Lustrale pour lutter contre les poux ainsi que l’ancêtre du dentifrice à base d’opium connu sous le nom de l’Opiat Dentifrice pour la gingivite.
Nous avons découvert lors de l’exposition deux sublimes petits flacons de parfums créés par Guerlain en 1850 (photo ci-dessous), le sens du détail est d’une rare finesse avec sur le bouchon une peinture de la Place Vendôme pour l’un et de l’Arc de Triomphe à Paris pour l’autre. La monture en métal ajouré doré le recouvrant est en pomponne, un alliage à base de cuivre et d’or conçu par les orfèvres parisiens Turgot et Daumy.
Flacon de parfum Guerlain 1850, exposition Tass(k)in Days |
Zoom sur La Maison Roger & Gallet : Elle fut créée en 1862 par deux beaux frères qui reprirent la Parfumerie Colas (nom de famille de leurs épouses, à l’époque les femmes n’avaient pas le droit d’être à la tête d’une entreprise, au décès du père, la marque changea de nom) afin de fabriquer des Eaux de Cologne mais aussi du maquillage comme une pommade à lèvres en stick.
Zoom sur la Crème Simon : En 1869, Joseph Simon pharmacien et aussi cosméticien lyonnais créa la Crème Simon à base de glycérine pour protéger les mains des lavandières, puis elle se déclina en crème cosmétique multi-usage. Cette enseigne se spécialisa plus tard dans le maquillage, plus particulièrement dans les poudres pour le teint.
Tendances objets et accessoires de beauté du XXe siècle !
Il faudra attendre la fin du 19 ème siècle, voire même après la Première Guerre Mondiale pour que le maquillage refasse surface et que les femmes osent puis commencent à se maquiller au quotidien en portant du fard à paupières ou en colorant ses lèvres de couleurs vives.
La beauté se démocratise vitesse grand V, les accessoires deviennent de plus en plus accessibles à toutes les classes de la société, ils sont confectionnés avec des matières moins nobles comme de l’étain pour qu’un maximum de femmes adoptent cette nouvelle tendance et vision du maquillage.
Les accessoires deviennent également un peu plus grand car on dispose de sac à mains, nous avons découvert de sublimes boîtiers de poche comme ceux ci-dessous, à noter que celui rouge n’est pas conçu en cuir malgré la ressemblance mais il s’agit de papier marocain donnant un effet trompe-œil tout en restant qualitatif. Les arts décoratifs influencent grandement les objets de beauté avec notamment le courant du japonisme que l’on retrouve sur le second boîtier.
De plus, les objets de beauté ne sont plus des pièces uniques mais ils sont fabriqués en série toujours dans l’optique de démocratiser l’accès au maquillage sans oublier l’apparition des égéries et de la publicité pour les grandes enseignes. On nommera la célèbre cantatrice Mary Garden pour la Maison de parfum Rigaud, la Maison La Diaphane prend comme égérie une actrice française Sarah Bernhardt et lança la poudre diaphane à base de poudre riz.
Accessoires de beauté du 20 ème siècle, exposition Anne Camilli |
De même il y aura une évolution dans le maquillage concernant le teint où les critères évoluent, on ne veut plus trop le teint blanc, on le préfèrent hâlé voire bronzé, cette mode fut lancée au début de la période Art Déco en 1925 où Chanel et Jean Patou prenaient des bains de mer à Deauville.
Caron, empereur de la poudre libre connu surtout pour son produit phare qu’est la poudre de riz, obtient un brevet en mettant au point des sachets de papier lyophilisé avec de la poudre, une révolution !
La créativité est accrue via le courant Art Déco, les parfumeurs déclinaient leurs parfums comme par exemple version rouge à lèvres. L’apparition du plastique changea l’univers du maquillage et des cosmétiques en général, la Galalhite ou la pierre de lait (fabriquée à partir de caséine, une protéine de lait) est utilisée, ainsi que la bakélite très résistante et utilisée pour les packagings de luxe.
On passe alors du siècle de l’hygiène à celui du luxe avec la création de la Maison de parfumerie Coty en 1904 par le père de la parfumerie moderne François Coty qui s’allia à René Lalique pour façonner de somptueux flacons de parfum. Le courant Art Déco a contribué à l’élaboration de milles et une merveilles comme un rouge à lèvre dont l’étui sculpté à l’éfigie de Marie-Antoinette est en Cristal de Bohème imitant la pierre de malachite, une création fragile mais magnifique !
Avec les deux Guerres de ce siècle, les femmes se sont émancipées, le monde de la beauté mais aussi de la mode s’est peu à peu étoffé donnant vie à des créations uniques, comme des bijoux multi-fonctions servant à la fois de bijoux et de contenant pour le nécessaire à maquillage avec par exemple la manchette ci-dessous comprenant rouge à lèvres, poudre et miroir.
Nous découvrîmes aussi le concept des boîtes à beauté nommée minaudière combinant de multiples fonctions pour entreposer son maquillage, le nom de minaudière fut déposé par Van Cleef&Arpel, qui à l’origine trouvait que son épouse minaudait, il lui a donc fabriqué cet accessoire à maquillage.
Manchette à maquillage, accessoire mode et beauté – Tass(k)in Days |
Durant cette exposition, nous avons eu la chance de voir en vrai le nuancier de teintes originales de la marque Rouge Baiser qui fut présenté sur le blog avec ses gammes que l’on retrouve aujourd’hui dans le commerce, ainsi que de nombreux poudriers de toute beauté comme un rare exemplaire de poudrier Shiseido et l’ancêtre du mascara avec des boîtes de pain de mascara solide ou même un rouge à lèvres Brigitte Bardot.
L’exposition fit un clin d’œil à la beauté au masculin avec des accessoires et objets plus modernes où l’on retrouve un baume teinté de Jean-Paul Gaultier, une poudre teinté bonne mine, des baumes pour la barbe ou encore une brosse à moustache en argent et en cuir.
Cette exposition très enrichissante et accompagnée de petites anecdotes historiques nous enchanta sur des merveilles relatant l’histoire de la beauté, les modes et les tendances des siècles passés, ainsi que sur leurs confections et leurs utilisations.
Nous avons réellement passé un superbe moment avec Anne Camilli et Jean-Marie Martin Hattemberg, de vrais experts que nous remercions infiniment pour leurs explications, leur gentillesse et surtout pour leurs passions communes qui nous invitent à découvrir l’univers de la beauté.